Reportage

[Covid-19] J’ai effectué le test PCR à Pointe-à-Pitre

L’Agence régionale de santé Guadeloupe en partenariat avec la ville de Pointe-à-Pitre a mis en place l’opération de dépistage gratuite du Covid-19, qui s’est déroulée du mardi 1er au jeudi 3 septembre 2020, de 7h à 11h sur la place de la mairie de Pointe-à-Pitre. Je me suis rendue le dernier jour sur le site pour comprendre l’organisation et savoir comment se déroule le test PCR. C’est ma première fois. Voici le récit de mon expérience.

Depuis le mois d’août 2020, j’attends que cette campagne itinérante arrive devant les portes de la mairie de Pointe-à-Pitre, comme c’est le cas dans d’autres communes de la Guadeloupe. J’ai la flemme d’aller au CHU ou ailleurs.

Mercredi 2 septembre 2020, j’ai un contact sur Whatsapp qui a diffusé l’information concernant cette campagne de dépistage à Pointe-à-Pitre. Je me suis rendue compte que le lendemain, jeudi 3 septembre 2020, était le dernier jour. Je ne sais pas comment j’ai pu manquer cette information sachant que je m’informe beaucoup via les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter. La mairie de Pointe-à-Pitre n’a publié cette information ni sur son site Internet, ni sur ses pages Facebook et Twitter. Comme cela a été le cas pour d’autres communes. Donc, j’ai recherché cette même information sur les réseaux sociaux de l’ARS Guadeloupe, et je l’ai trouvé sur leur page Facebook. Ensuite, j’ai diffusé cette même information à mon réseau de ma page personnelle Facebook et sur la page Facebook de K@ribbean Newsweek. J’ai indiqué que “Le dernier jour c’est demain, jeudi 3 septembre 2020, pour ceux qui habitent Pointe-à-Pitre”.

Source: Facebook de l’ARS Guadeloupe

Mon inscription

J’ai décidé de me lever à 5 heures du matin pour me préparer et y aller en me disant qu’il n’y aura pas beaucoup de monde. Je suis arrivée à 6h40 parce que j’habite pratiquement en face de la mairie de Pointe-à-Pitre. Et là, j’ai constaté qu’il y avait déjà du monde. Je me suis rapprochée vers une dame d’une cinquantaine d’années à qui j’ai demandé comment cela se passe. Elle m’a répondu d’aller inscrire mon nom auprès du vigile. Je me suis rendue vers ce monsieur. J’ai fait la queue, et il a inscrit mon nom et mon prénom à 6h43. Je lui ai demandé combien de personnes sont déjà inscrites. Il m’a répondu une quarantaine. En vérité, je vais comprendre plus tard qu’il y avait beaucoup plus de personnes avant moi! Le vigile m’a expliqué que le déroulement de l’opération va très vite, en fonction du nombre d’infirmières présentes sur le site.

Le personnel de l’ARS est arrivé à 6h45. Assez rapidement, ils ont demandé aux patients de faire la queue à un endroit pour les appeler et leur donner leur ticket. Ils ont récupéré la liste des personnes inscrites par le vigile. J’ai vu qu’il y a eu un certain cafouillage au début. Dès 6h50, le personnel de l’ARS appelait les personnes, avec une petite voix. Les patients se sont plaints de ne pas bien entendre leur nom et prénom. Le personnel de l’ARS est resté très calme face à la colère de beaucoup de personnes, qui se sont plaintes de la mauvaise organisation. C’est vrai que tout le monde était concentré dans un même espace et que les gestes barrières n’étaient pas respectés. Donc le personnel de l’ARS a demandé aux patients de reculer et de respecter la distanciation physique. Cela a duré une bonne dizaine de minutes.

Un homme d’une cinquantaine d’années m’a dit que l’organisation était pire les deux jours précédents. Il était venu la veille, le mercredi 2 septembre 2020, et il n’a pas pu obtenir de ticket parce que le personnel de l’ARS a un quota de 110 tickets. Donc, il y a 110 tests par jour. J’ai appris que beaucoup de personnes étaient déjà sur le site depuis 5 heures du matin.

J’ai fait la queue pour inscrire mon nom et mon prénom sur une liste. Le vigile m’a inscrit à 6h43.

Mon ticket

Une fois que le personnel de l’ARS appelait le nom et prénom, demandait au patient s’il avait des symptômes, s’il a été en contact avec un contaminé, s’il a une adresse mail, on lui posait un ticket collant sur la main.

J’ai constaté qu’une dame d’une cinquantaine d’années, parmi les 30-40 premiers patients, ne savait pas ce qu’était une adresse mail. Au moment d’attribuer un ticket, le personnel de l’ARS demandait à avoir l’adresse mail d’un proche pour que ce soit indiqué sur la fiche de renseignements.

Le personnel de l’ARS a appelé des noms de personnes qui sont manifestement parties avant de recevoir leur ticket. D’autres personnes ont inscrit un nom auprès du vigile, ensuite elles expliquaient au personnel de l’ARS qu’il y a aussi les enfants. Ce qui voudrait dire que des personnes s’ajoutaient à la liste. Donc, les autres patients se sont plaints. Bref, c’était vraiment un cafouillage au début. C’est pourquoi j’avais peur de partir bredouille. J’ai eu de la chance!

A 8h07, un personnel de l’ARS a dit “Salaura DIDON”. J’ai répondu “c’est moi”, tout en me rapprochant, vers un autre personnel, qui m’a demandé si j’ai des symptômes et si j’ai été en contact avec un contaminé. Elle ne m’a pas posé la question de l’adresse mail. Donc, je lui ai moi-même dit que j’ai une adresse mail. J’ai eu mon ticket numéro 92 (sur 109). J’étais contente et soulagée parce que j’ai vu défiler les numéros et je me suis dit qu’il n’y avait pas une quarantaine de personnes avant moi.

D’autres personnes sont arrivées en retard, un peu après 7h20 (ou d’autres encore bien plus tard comme 8 h ou 9 h), et ils ont demandé à s’inscrire sur la liste. A un moment donné, le personnel de l’ARS a appelé les retardataires pour ajouter leur nom et prénom sur la liste. Ils ne pouvaient prendre que 10 personnes supplémentaires. Il me semble qu’il y avait 99 personnes. C’est pourquoi, il a été possible d’ajouter les 10 autres. Au final, 109 personnes étaient inscrites sur la liste. Un personnel de l’ARS répétait ce chiffre à des patients qui posaient la question pour s’inscrire. En matière de renseignements, c’est un personnel réactif, qui a indiqué aux gens qu’ils peuvent se rendre sur le site Internet de l’ARS pour connaître les dates et les communes où se dérouleront les prochains tests PCR, et le numéro de téléphone de la plateforme Riposte Covid-19, ouverte tous les jours de 8h à 17h: 0590 99 14 74. En cas d’urgence, il faut appeler le 15.

J’ai trouvé aussi que certains patients ont exagéré dans leur comportement. Le personnel de l’ARS appelait à 2 ou 3 reprises leur numéro. Soit les personnes attendaient dans leur voiture, soit elles attendaient plus loin sur la place de la mairie de Pointe-à-Pitre, donc elles ne pouvaient pas entendre leur numéro. Et la cerise sur le gâteau, certaines personnes sont parties alors qu’elles avaient un numéro.

Autre situation incompréhensible! Un personnel de Cap Excellence est venu après 8h et elle est passée avant une patiente qui avait le numéro 66. Cette dernière s’est plainte au personnel de l’ARS, qui lui a indiqué que l’employée de Cap Excellence est sortie de son travail pour venir faire le test. Donc la plaignante a indiqué qu’elle travaille également, c’est pourquoi elle a dénoncé le copinage, c’est-à-dire sous prétexte qu’une personne connait un personnel de l’ARS, est-ce que cela lui donne le droit de passer avant les autres. En tout cas, cette dame de Cap Excellence est passée avant moi. Or j’avais déjà mon ticket. Je n’ai rien dit. J’ai attendu avec patience.

Tout au long de l’organisation, un personnel de l’ARS appelait les numéros de manière aléatoire. Par exemple, numéro 7, ensuite numéro 1. Je me suis dit pourquoi c’est à l’envers. Avec le temps, j’ai demandé des explications à un personnel de l’ARS. En fait, on appelait soit les numéros cas contacts, soit les numéros qui ne sont pas des cas contacts et qui venaient se faire dépister en prévention comme moi.

A 8h07, j’ai eu mon ticket numéro 92. Photo prise à 8h09

Ma fiche de renseignements

En effet, j’ai fait le test PCR pour savoir si je suis contaminée ou pas par le Covid-19. J’ai attendu pratiquement 1h environ. Il a plu, ensuite il faisait très chaud. Le soleil tapait fort. C’était insupportable mais je suis restée patiente. Je faisais le tour du site.

Comme je l’ai dit plus haut, j’ai eu mon ticket à 8h07. A 9h08, un personnel de l’ARS a appelé mon numéro 92. J’avais ma pièce d’identité et ma carte vitale. J’ai répondu aux questions posées par un autre personnel de l’ARS qui inscrivait sur la fiche de renseignements pour dépistage Covid-19 (SARS-CoV-2) dans les communes: il faut cocher si le patient est masculin ou féminin, le nom et prénom, la date de naissance, la commune et code postal de résidence, le numéro de téléphone (fixe et portable), l’adresse mail, la profession et lieu de travail, le numéro de sécurité sociale, le nom et numéro du médecin traitant, cocher si on a voyagé, si on compte voyager, cocher si on a des signes cliniques, cocher le contexte de prélèvement (soit asymptomatique, soit antécédent de prélèvement positif, soit contact étroit avec cas confirmé), et indiquer d’autres renseignements utiles comme les antécédents médicaux. J’ai demandé combien de temps il faut attendre les résultats. On m’a indiqué 72 heures.

Le personnel de l’ARS était accompagné du personnel de la médiation et du service civique pour aider à remplir la fiche de renseignements et remettre aux infirmières, ainsi que des jeunes femmes consacrées au nettoyage systématique des chaises, des tables.

Mon test PCR

Après avoir répondu aux questions du personnel de l’ARS pour remplir la fiche de renseignements, elle m’a invité à m’asseoir dans l’espace dédié à l’attente. J’y suis à 9h13. Une infirmière m’a appelé, et elle avait ma fiche de renseignements. Sa collègue a effectué mon test à 9h17. Elle m’a dit de mettre mon masque au niveau de ma bouche, de ne pas bouger et de ne pas froncer les sourcils. J’ai fermé les yeux. Elle a introduit l’écouvillon au fond de mon nez. J’ai senti qu’elle a tourné un peu l’écouvillon dans mon nez. Cela chatouille un peu. C’est ce que des Marie-Galantais m’avaient déjà dit. C’est vrai! La sensation de picotement dans mon nez a duré pendant encore dix minutes après le prélèvement.

Malgré le cafouillage au début, je trouve que dans l’ensemble, l’organisation s’est bien déroulée. En effet, cette opération de dépistage va très vite. Ce jour là, j’ai aperçu deux stands sur trois pour effectuer le dépistage. Dans chaque stand, il y a deux personnels soignants, ce sont des femmes. Une note la date et l’heure de réalisation de prélèvement sur la fiche de renseignements, une autre effectue le prélèvement. J’ai constaté que dans le stand où je suis passée, les rôles se sont inversés.

A 9h13, je suis assise dans l’espace d’attente.
C’est l’infirmière qui a ma fiche de renseignements. Photo prise à 9h19, après avoir effectué mon test PCR avec sa collègue.

L’Institut Pasteur

A 18h52, j’ai reçu un mail de LaboConnect via l’Institut Pasteur, qui me demande de finaliser mon compte en ligne. Voici le message indiqué: “Suite à votre visite dans l’établissement INSTITUT PASTEUR DE GUADELOUPE, votre compte LaboConnect a été pré-crée, vous devez le finaliser. La date de naissance demandée est celle que vous nous avez communiquée. Cliquez ici pour le finaliser. Ce lien est valable 3 jours”, etc.

Je me suis connectée (mot de passe, etc.). Mon nom et prénom étaient déjà indiqués. Ensuite, j’ai écrit la date de naissance. Il faut cocher oui ou non si on est un professionnel de santé. J’ai indiqué mon numéro de téléphone portable. Il y a une rubrique ou tout est déjà coché sur oui: “En tant que patient, j’autorise l’accès à mes résultats aux médecins, hôpitaux, cliniques, etc, infirmiers, etc”. On peut cocher non. Il faut cocher une rubrique pour avoir des notifications par mail pour recevoir les résultats. Une autre rubrique sur le dossier médical partagé est déjà cochée, afin de permettre aux établissements de santé de déposer mes comptes rendus de santé. A la fin, j’ai validé mes données personnelles.

Mes questions sont les suivantes:

Pourquoi l’ARS ne donne pas les tickets au moment où on inscrit le nom et prénom du patient? Afin d’éviter le cafouillage que j’ai constaté, et les plaintes des patients. Je me suis dit aussi pourquoi ils n’ont pas un petit micro pour appeler les gens car personne n’entendait bien. C’est pourquoi les personnes étaient obligées de se rapprocher et d’être les unes à côté des autres. Au final, la situation s’est réglée et chacun a eu son ticket.

Est-ce possible de créer une plateforme en ligne pour s’inscrire? Même si c’est vrai que tout le monde n’a pas Internet. Les patients s’inscrivent en ligne en fonction des communes, ils connaissent leur numéro en ligne, ils arrivent sur le site de dépistage avec leur numéro, le personnel de l’ARS appelle les numéros. S’inscrire en ligne pourrait être une solution efficace. Puisqu’au final, on a demandé aux patients une adresse mail pour recevoir les résultats. Tant pis pour ceux qui ne sont pas venus. Cela laisse juste des places indisponibles qui pourraient être reportées un jour suivant ou pour une autre commune. Ou par exemple, si 10 personnes se sont inscrites en ligne et ne sont pas venues, il serait possible de prendre 10 personnes supplémentaires qui seraient venues s’inscrire tôt le matin auprès du vigile.

Est-ce que cette opération est vraiment gratuite? Puisque nous fournissons un numéro de sécurité sociale. Donc nous supposons que nous payons en quelque sorte cette opération dite gratuite. C’est l’Institut Pasteur qui fournit les résultats.

St@y connected!

Salaura DIDON

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