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Les autorités préfectorale, sanitaire et éducative déclinent la phase 2 du déconfinement chez nous

Suite aux annonces du Premier ministre Edouard Philippe sur la phase 2 du plan de déconfinement ce jeudi 28 mai 2020, le préfet de la région Guadeloupe Philippe Gustin, la directrice générale de l’ARS Guadeloupe Valérie Denux et le recteur de l’Académie de la Guadeloupe Mostafa Fourar en présentent la déclinaison en Guadeloupe le même jour.

Ce qui va changer à partir du 2 juin

Phlippe Gustin fait un rapide récapitulatif des changements et des réouvertures possibles comme nous sommes dans une zone verte.

Les bars, les cafés et les restaurants

Ils rouvrent avec des règles contraignantes communiquées aux propriétaires de ces établissements:

  • pas plus de dix personnes autour d’une même table,
  • une distance minimale d’un mètre entre chaque table,
  • le port du masque est obligatoire pour le personnel et pour les clients qui se déplacent dans l’établissement.

Les hébergements touristiques

L’ensemble des hébergements (les villages vacances, les maisons familiales de vacances, les auberges collectives et les campings) va rouvrir mardi prochain dans le respect des règles sanitaires. La location des meublés de tourisme et des chambres d’hôtes a déjà été autorisée à rouvrir depuis le 21 mai chez nous. Les colonies de vacances seront ouvertes dès le 22 juin.

Les déplacements

On peut se déplacer dans le département de la Guadeloupe. En revanche, il est impossible de se déplacer à l’intérieur de l’espace Schengen puisque jusqu’au 15 juin, on maintient la fermeture des frontières européennes et à partir du 15 juin, une coordination européenne se mettra en place pour rouvrir les frontières intérieures à cet espace sous réserve d’une situation épidémique favorable. Mais les frontières extérieures à l’espace Schengen resteront fermées. Il y a une recherche d’un consensus et d’une coordination européenne pour adopter une position commune de l’ensemble des Etats européens à compter du 15 juin prochain. Cela déterminera les perspectives pour la période estivale.

Un deuxième point d’étape sera fait pour le 22 juin avec différentes évolutions qui impacteront la Guadeloupe sur le trafic aérien et maritime vers l’extérieur. “L’aéroport d’Orly va rouvrir fin juin”, indique le préfet.

La culture, le sport et les vacances

Il est prévu la réouverture des parcs et des jardins sur l’ensemble du territoire dès ce week-end. Un arrêté préfectoral va permettre au Jardin botanique de rouvrir ce week-end. Dans un communiqué de presse du vendredi 22 mai 2020, le préfet dit avoir pris un arrêté pour la réouverture du zoo de Guadeloupe. Concernant les plages, les lacs et les plans d’eau qui seront accessibles dès mardi prochain, la Guadeloupe est déjà en avance puisque un arrêté préfectoral a permis la réouverture des plages dans 22 communes: https://bit.ly/2ZPAB2t.

CP Réouverture du Zoo de la Guadeloupe

L’ensemble des musées et des monuments pourront rouvrir. En Guadeloupe, les musées ont pu rouvrir depuis le 11 mai. Notons aussi l’ouverture des piscines collectives municipales ou privées dans le cadre d’un hôtel. Les gymnases et les salles de sport avec un point particulier sur ce qui sera interdit en termes sportif, les parcs de loisirs, les salles de spectacles et de théâtre. En revanche, les salles de cinéma ne rouvriront que le 22 juin.

Le préfet attend le décret pour savoir si de manière dérogatoire on peut autoriser certaines manifestations à l’extérieur et pas d’autres.

Les publics vulnérables

Comme l’a indiqué le premier ministre, il faut maintenir un niveau de vigilance avec ces publics avec l’application des gestes barrière, le maintien pour eux de l’activité partielle quand ils ne peuvent pas télétravailler, et la prise en charge à 100% de la consultation “bilan et vigilance” par l’Assurance Maladie.

Ce qui reste interdit jusqu’au 21 juin

  • Les rassemblements de plus de 10 personnes dans l’espace public.
  • Les sports collectifs et de contact.
  • Les discothèques, les salles de jeux, les stades seront fermés au public.

Les Outre-Mer

Les déplacements entre la France hexagonale et les Outre-mer restent toujours soumis au motif impérieux d’ordre sanitaire, familiale ou professionnel. Par ailleurs, la quatorzaine reste en vigueur, et elle peut se faire soit dans un lieu hôtelier dédié soit à domicile. Des mesures spécifiques seront adaptées pour la Guyane et Mayotte.

Le préfet espère que la Guadeloupe sera retenue dans l’expérimentation nationale pour la nouvelle forme de quatorzaine, qui doit être validée par le Conseil scientifique et les décrets attendus ce week-end.

Les quatre indicateurs sanitaires sont au vert

Valérie Denux explique les quatre indicateurs dans l’archipel:

Le premier indicateur est l’incidence: En prenant 380 000 habitants environ pour la Guadeloupe, cela nous fait moins de 38 cas par semaine pour être dans une situation plutôt au vert. De jeudi dernier à aujourd’hui, “nous avons eu 6 cas. (…), je vous annonce malheureusement que nous avons eu un cas supplémentaire ce matin”.

Le deuxième indicateur est le taux de positivité qui est au vert. “Par rapport au nombre de tests que l’on fait combien on trouve de positifs? Nous avons fait 572 tests entre jeudi dernier et aujourd’hui et nous avons trouvé donc six positifs. Cela nous fait à peu près 1% de positivité ce qui est plutôt favorable“. Puisque actuellement si on prend la France entière, c’est à peu près moins de 2%, puisque nous sommes à 1,9%.

Le troisième indicateur c’est “le R effectif” qui est au vert. Comme l’a expliqué Olivier Véran, c’est la probabilité pour une personne contaminée d’infecter une autre personne sur notre territoire. “Ce R est voisin de 0 parce que la totalité des cas positifs que nous avons eu ces trois dernières semaines sont des cas importés. Ce ne sont pas des transmissions entre personne sur notre territoire mais ce sont bien des gens qui sont arrivés sur notre territoire en étant positifs”.

Pour Valérie Denux, il faut être en mesure de faire barrière pour éviter que ces personnes qui arrivent sur notre territoire transmettent à des personnes présentes ici. “C’est pour cela que nous travaillons sur le fait de faire des enquêtes autour de ces cas, en particulier le voyageur qui arrive, qui va aller dans sa famille éventuellement, et s’il est positif on va prendre contact avec la famille proche et on va leur proposer bien sûr des tests. Et on fait aussi une enquête au niveau de l’avion puisque cette personne a fait un voyage. S’agissant des rangs avant et des rangs derrière, on prévient les personnes qui elles-mêmes ont été testées normalement puisqu’elles ont aussi débarqué de l’avion. On leur prévient qu’il faut faire leur test à huit jours pour vérifier si elles n’ont pas été contaminées lors du voyage”.

Le dernier indicateur est le taux d’occupation des lits de réanimation, qui est au vert. Aujourd’hui, nous avons 44 lits ouverts pour la réanimation. On a conservé un niveau largement supérieur à ce que nous avions avant la crise puisque nous étions à 27 lits de réanimation sur notre territoire. Là, nous avons conservé 44 lits sur notre territoire. A ce jour, il n’y a plus qu’une seule personne coronavirus positif en réanimation, parce qu’il y a une qui est sortie. C’est une bonne nouvelle, elle est en voie d’amélioration de sa santé aujourd’hui. “Si on prend 1 sur 44 lits, c’est un peu moins de 2% d’occupation donc c’est très favorable puisque 60% est le seuil d’alerte. 60% des lits de réanimation sont occupés par des patients de Covid-19 positifs. On a évidemment une alerte et on doit remonter en puissance en termes du nombre de lits sur le territoire”, explique Valérie Denux.

L’ARS a mis en place une stratégie plutôt offensive de façon à ce que cela reste au vert à la fois en termes de tests et de contacts tracing, c’est-à-dire casser les chaines de contamination. Valérie Denux évoque trois points principaux:

Il existe trois niveaux de suivi des tests. D’abord, ce sont les médecins prescripteurs et l’Assurance Maladie et tout le travail auprès des premiers contacts tracing si les médecins n’ont pas l’occasion de le faire. Ensuite, il y a la plateforme Riposte de l’ARS en lien avec Santé Publique France, qui prend le relais sur le suivi, sur la totalité de la durée de la convalescence de la personne et lui propose des lieux d’hébergement alternatif.

Le deuxième point représente les programmes de dépistages spécifiques. On va aller dépister des personnes qui sont asymptomatiques et on souhaite vérifier. On teste les gens à la sortie de l’avion à l’aéroport, et huit jours après. On travaille avec les bus de prévention en particulier les bus pour les personnes addictives pour leur proposer des campagnes de dépistage à partir de ces bus. C’est une manière d’aller chercher des personnes vulnérables qui n’oseraient pas consulter un médecin ou qui vont peu chez leur médecin parce qu’elles sont dans des situations un peu précaire et c’est compliqué pour elle. A Saint-Martin, on a fait plus de 250 tests dans les quartiers un peu difficile où il y avait des personnes en situation de précarité importante. A Marie-Galante, c’est l’hôpital qui porte le bus de prévention, sinon dans la plupart des cas ce sont des associations. Au moindre doute, on le fait aussi sur les établissements médicaux sociaux. Cette semaine, on a fait une masse pur les enfants handicapés, puisque on teste largement dans ces établissements.

Le troisième point, ce sont les tests sérologiques en priorité pour les professionnels de santé potentiellement en contact avec des patients positifs. L’objectif vise à proposer aux professionnels de santé et des EHPAD d’effectuer des tests sérologiques en complément des tests PCR sur le territoire. “Nous disposons actuellement de plus de 4000 tests homologués aujourd’hui et j’ai demandé il y a déjà quelques jours aux laboratoires de se réapprovisionner pour en avoir en suffisance, pour répondre à la demande. Progressivement on va pouvoir répondre à la demande des professionnels qui souhaiteraient faire ces tests sérologiques”. L’ARS attend la publication du décret concernant ces tests sérologiques.

La nouvelle forme de quatorzaine

Valérie Denux explique que le Haut Conseil de Santé Publique a été saisi pour trouver la meilleure solution sur le plan médical et scientifique pour protéger nos territoires. Comme en Guadeloupe, nous sommes au vert et que le virus circule moins, ce sont ainsi les cas importés qui amènent le virus dans l’archipel. L’ARS et le préfet vont plaider pour avoir un premier filtre qui va nous aider à diminuer au maximum le risque d’entrée et de réentrée du virus dans notre territoire. “Donc ce que nous proposons, c’est de pouvoir faire en sorte que les personnes avant de prendre l’avion sache si elles sont porteuses du virus ou pas. On pourrait proposer dans une expérimentation d’avoir un test avant le départ”. La prise du billet d’avion pourrait être soumise à un test PCR. Il faudra que cette mesure soit validée par le Haut Conseil de Santé Publique et il faudra y travailler un peu dans ses modalités. (Par exemple si une personne présente un test PCR et un test sérologique en complément, cela pourrait faire office). Et si c’est le cas, les personnes arriveraient sur le territoire et là elles resteraient huit jours à la maison ou dans un hôtel prévu pour cela. Ensuite, on fera un test à huit jours parce que la charge virale peut être la plus forte. C’est vraiment le moment dans la courbe de Gauss la plus élevée où potentiellement on peut détecter des cas. Et si à huit jours la personne est négative, on pourrait dans le cadre de l’expérimentation voir dans quelle mesure on peut assouplir par la suite les huit jours suivants. Cela reste à travailler et à finaliser avant l’arrivée des avions en fin juin.

L’enseignement

Le recteur rappelle que les écoles n’ont jamais fermé pendant la période de confinement pour accueillir en présentiel les enfants des personnels soignants et indispensables à la gestion de crise. “Nous avons 17 écoles ouvertes pour cela sous forme de centres et d’accueil sur 15 communes. Ce sont Baie-Malhault, Gourbeyre, La Désirade, le Gosier, le Lamentin, le Moule, les Abymes, Morne-à-L’eau, Petit-Bourg, Pointe-à-Pitre, Pointe-Noire, Sainte-Anne, Saint-Claude, Saint-Martin, Grand-Bourg. 1525 élèves ont été accueillis au total soit 89 élèves en moyenne par centre”.

Depuis le 11 mai, on n’a que deux communes Petit-Bourg et Goyave qui ont ouvert leurs écoles. Une troisième commune, la Désirade s’était positionnée pour rouvrir les écoles, mais à cause du problème d’eau, c’est reporté. C’est 10% des écoles primaires, soit une trentaine d’écoles ouvertes contre 80% des écoles ouvertes au niveau national. C’est 12% des communes en Guadeloupe contre 90% au niveau national. “C’est peu puisque les communes dans les zones rouges jusqu’à aujourd’hui avaient ouvert des établissement scolaires”, indique le Recteur.

Le 11 mai, les enfants se rendaient à l’école sur la base du volontariat de la part des parents et de la part des maires. Dès le mardi 2 juin, ce sera toujours sur la base du volontariat de la part des parents, mais la deuxième condition n’est plus maintenue. Le protocole sanitaire reste identique.

Mostafa Fourar demande aux maires de tenir compte de la demande des parents qui sont des personnels soignants et indispensables à la gestion de crise afin d’accueillir leur enfants. “Cette demande a explosé en deux semaines”, a-t’il précisé.

La Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélémy ont accepté d’ouvrir les collèges sur l’ensemble de l’académie. “C’est plutôt une bonne chose”. Tous sont ouverts sauf 9 qui connaissent des problèmes d’alimentation en eau. “Pour ces collèges, nous mettrons en place des permanences pédagogiques afin de permettre aux élèves de reprendre contact avec leur professeur sur un laps de temps plus court où l’application du protocole sanitaire n’a pas la même exigence que dans une scolarisation normale“.

Alors que les élèves de 6è et 5è ont repris le chemin du collège, ce seront au tour des 4è et des 3è dès mardi prochain. En partenariat avec les communes qui le souhaitent, il y aura la mise en place des activités autour du sport, de la santé, de la culture et du civisme parallèlement aux cours si l’effectif augmente. C’est le dispositif 2S2C qui permettra d’accueillir des élèves en petit groupe. On peut permuter les groupes. “Si on part d’une classe de 30 élèves, 15 peuvent être en cours et 15 autres peuvent être dans une MJC ou un autre lieu”. C’est l’Education nationale qui prendra en charge le financement de ces activités périscolaires pour les communes volontaires.

L’Académie de la Guadeloupe attend une réouverture des lycées la semaine prochaine. En revanche, l’organisation pédagogique va être plus souple. “Il ne s’agit pas de revenir dans les établissements scolaires pour terminer le programme, mais plutôt pour expérimenter d’autres manières de travailler. Notre académie sera amenée à faire des expérimentations de cours à la fois en présentiel et à chez soi, pour préparer la rentrée au mois de septembre 2020”.

Chez nous, les proviseurs ont déjà anticipé la rentrée pour le mardi 2 juin, et ils s’organisent de manière à mettre en place des stages qui seront axés sur des enseignements de spécialités de Première et sur l’orientation qui est un point sensible. Comme il y a la réforme du Bac, les élèves de Première doivent bénéficier d’un renforcement de ces enseignements afin d’être mieux préparer pour l’année du baccalauréat. “Il faut absolument que les élèves puissent retourner dans leur établissement scolaire, avoir contact avec leurs professeurs, avec les proviseurs avec les conseillers en orientation. C’est en présentiel que cela peut régler un certain nombre de problèmes toujours dans le respect des barrières sanitaires”.

L’épreuve orale du baccalauréat de français s’effectuera sur la base du contrôle continu. L’établissement prendra en compte les notes du premier et du deuxième trimestre. Ici, “les équipes pédagogiques volontaires pourront organiser des stages de préparation à l’oral. C’est important pour les élèves qui vont passer en Terminal et en enseignements supérieurs”, a conclu Mostafa Fourar.

Vous pouvez lire aussi: Carte de la phase 2 du déconfinement: Tous les départements sont en vert sauf l’Ile-de-France, la Guyane et Mayotte.

Et la stratégie locale du déconfinement.

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Salaura DIDON

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