Le 15 octobre 1966, deux activistes Bobby Seale et Huey P. Newton fondent le Black Panther Party for Self-Defense, connu ensuite comme les Black Panthers, à Ockland en Californie. Le but initial du parti révolutionnaire africain-américain était de patrouiller dans les quartiers afro-américains pour protéger les résidents contre les actes de violence policière. Ils appellent finalement à la lutte armée contre la police californienne nommée cochon (pig). Ils portent des armes et des vêtements noirs (bérets, vestons, pantalons). Leur entrainement se base sur leur discours axé sur l’émancipation des Noirs. Le 15 mai 1967, ils publient un programme en dix points dans le deuxième numéro du journal hebdomadaire du parti, The Black Panther. Ensuite, le programme intitulé « Ce que nous voulons maintenant! » est publié dans les 537 numéros suivants. K@ribbean Newsweek vous propose de regarder trois films sur ce mouvement nationaliste noir.
Panther (1995)
Ce film dramatique de 2h04 est produit et réalisé par Mario Van Peebles, avec les acteurs Kadeem Hardison (Judge), Bokeem Woodbine (Tyrone), Joe Don Baker (Brimmer), Courtney B. Vance (Bobby Seale), Marcus Chong (Huey P. Newton), Anthony Griffith (Eldridge Cleaver), Mario Van Peebles (Stokely Carmichael), Angela Bassett (Betty Shabazz), Wesley Jonathan (Bobby Hutton), Richard Dysart (J. Edgard Hoover).
Ce film raconte la genèse du mouvement d’émancipation des Africains- Américains et de leur lutte armée contre la police californienne. Il retrace les efforts de l’organisation des Black Panthers vers la fin des années 1960. Ce sont principalement des activistes partisans du self-défense, qui veulent améliorer les conditions de vie de la communauté noire de Oakland et surtout celles des enfants. Impliqués également en politique, le FBI les surveille de près parce que Edgar Hoover, chef du FBI, les compare à de dangereux terroristes.
Panther est une adaptation cinématographique du roman de même nom, écrit par son père Melvin Van Peebles. La trame reprend très fidèlement l’histoire du mouvement au travers d’un personnage inventé, témoin de l’ascension et de la chute du Parti.
Mario Van Peebles est un acteur, producteur, scénariste et réalisateur africain-américain. En 2002, il incarne Malcom X dans Ali de Michael Mann.
Black Panthers (1968)
C’est un court-métrage documentaire de 28 minutes et 20 secondes réalisé par Agnès Varda, photographe, cinéaste et artiste plasticienne.
Il a été tourné à Oakland (Californie) pendant les manifestations autour du procès de Huey P. Newton, leader des activistes noirs. C’était au temps où les Black Panthers avaient un programme et des projets, avec un entraînement des troupes, des meetings, des danses et des déclarations, au temps où les Black Panthers inquiétaient les Etats-Unis.
La version anglaise (the english version) du documentaire est ici: https://vimeo.com/425266523
Les deux sections du programme en dix points
Ce programme, qui énonce les idéaux et le mode de fonctionnement des membres, est la ligne directrice du Black Panther Party. Ils se définissent comme des révolutionnaires anti-impérialistes et anticolonialistes, de tendance très à gauche.
La première section, intitulée « Ce que nous voulons maintenant ! » / « What We Want Now ! » : décrit ce que le Black Panther Party attendait de ce qu’il décrivait comme des dirigeants racistes de la société américaine.
La deuxième section, intitulée « Ce que nous croyons » / « What We Believe » : expose la philosophie du parti et les droits que les Africains-Américains auraient du avoir depuis longtemps, mais qui sont toujours niés. Il est structuré de la même manière que le Bill of Rights de la Constitution des États-Unis. « Ce que nous croyons » réclame ce qui est considéré par le mouvement comme un remboursement pour les injustices commises à l’encontre de la communauté africaine-américaine.
La section 1 du programme en dix points-“Ce que nous voulons maintenant!”/ What We Want Now!”
1 – Nous voulons la liberté. Nous voulons le pouvoir de déterminer la destinée de notre communauté noire.
2 – Nous voulons du travail pour tous les nôtres.
3 – Nous voulons la fin du pillage de notre communauté par les capitalistes.
4 – Nous voulons des logements décents, aptes à abriter des êtres humains.
5 – Nous voulons l’éducation pour les nôtres, qui exposerait la véritable nature de cette société américaine décadente. Nous voulons une éducation qui nous apprend notre véritable histoire et notre rôle dans la société contemporaine actuelle.
6 – Nous voulons que tous les hommes noirs soient exemptés du service militaire.
7 – Nous voulons une fin immédiate des brutalités de la police et des meurtres des Noirs.
8 – Nous voulons la liberté pour tous les hommes noirs détenus dans les prisons et pénitenciers fédéraux, d’État, de comté et municipaux.
9 – Nous voulons que tous les Noirs, lorsqu’ils comparaissent devant un tribunal, soient jugés par un jury composé de leurs pairs, ou par des gens issus de leurs communautés noires, comme le stipule la Constitution des Etats-Unis.
10 – Nous voulons de la terre, du pain, des logements, de l’éducation, des vêtements, de la justice et de la paix. Et comme notre principal objectif politique : un plébiscite supervisé par les Nations Unies se tiendra dans toute la colonie noire, où seuls les sujets noirs colonisés pourront participer, afin de déterminer la volonté du peuple noir quant à sa destinée nationale.
La section 2 du programme en dix points-“Ce que nous croyons”/ “What We Believe”
1- Nous croyons que les Noirs ne seront pas libres tant que ne nous pourrons pas déterminer notre propre destinée.
2- Nous croyons que le gouvernement fédéral est responsable et obligé de donner à chaque homme un emploi ou un revenu garanti. Nous croyons que si les hommes d’affaires blancs américains ne veulent pas garantir le plein emploi, alors les moyens de production devront être enlevés aux hommes d’affaires et placés entre les mains de la communauté noire, ainsi les membres de la communauté noire peuvent s’organiser, employer tous ses membres, et leur donner un niveau de vie élevé.
3- Nous croyons que ce gouvernement raciste nous a volés et maintenant nous réclamons le remboursement de la dette impayée de quarante acres et de deux mules. Les quarante acres et les deux mules avaient été promis il y a 100 ans en compensation de l’esclavage et du meurtre en masse de Noirs. Nous accepterons le paiement en espèces qui sera distribué à nos nombreuses communautés. Les Allemands aident maintenant les Juifs en Israël pour le génocide du peuple juif. Les Allemands tuèrent 6 millions de Juifs. Le raciste américain a pris part au massacre de plus de 50 millions de Noirs. Par conséquent, nous estimons qu’il s’agit d’une demande modeste.
4- Nous croyons que si les propriétaires blancs ne donnent pas un logement décent à notre communauté noire, alors le logement et le terrain devront être transformés en coopératives, pour que notre communauté, avec l’aide du gouvernement, puisse construire des logements décents pour ses membres.
5- Nous croyons en un système éducatif qui donnera à notre peuple une connaissance de lui-même. Si un homme n’a pas la connaissance de lui-même, de sa position dans la société et dans le monde, alors il a peu de chance de s’intéresser à autre chose.
6- Nous croyons que les Noirs ne devraient pas être obligés de se battre dans le service militaire pour défendre un gouvernement raciste qui ne nous protège pas. Nous ne combattrons pas et ne tuerons pas d’autres personnes de couleur dans le monde qui, comme les Noirs, sont victimes du gouvernement raciste blanc d’Amérique. Nous nous protégerons nous-mêmes contre la brutalité et la violence de la police et de l’armée racistes, par tous les moyens nécessaires.
7- Nous croyons que nous pouvons mettre fin à la brutalité policière dans notre communauté noire en organisant des groupes noirs d’auto-défense destinés à la défense de notre communauté contre l’oppression et la brutalité policière raciste. Le deuxième amendement de la Constitution des États-Unis donne le droit de porter des armes. Nous croyons donc que tous les Noirs doivent s’armer eux-mêmes pour se défendre.
8- Nous croyons que tous les Noirs devraient être relâchés des nombreux pénitenciers et des nombreuses prisons, parce qu’ ils n’ont pas bénéficié d’un procès équitable et impartial.
9- Nous croyons que les tribunaux devraient se référer à la Constitution des États-Unis afin que les Noirs puissent bénéficier d’un procès équitable. Le 14e amendement de la Constitution américaine donne à un homme le droit d’être jugé par ses pairs. Un pair est une personne issue d’un milieu économique, social, religieux, géographique, environnemental, historique et d’origine raciale identique. Pour ce faire, le tribunal sera obligé de choisir un jury de la communauté noire d’où provient l’accusé noir. Nous avons été et sommes en train d’être jugés par des jurys composés exclusivement de Blancs qui n’ont aucune compréhension de la mentalité de la communauté noire.
10- Quand au cours des événements humains, il devient nécessaire pour un peuple de rompre les liens politiques qui l’assujettissait à un autre, et d’assumer parmi les puissances de la terre, la place de nation indépendante à part entière, à laquelle les lois de la nature et du Créateur lui donnent droit, un respect décent des opinions de l’humanité exige que ce peuple déclare les causes qui le pousse à la rupture. Nous tenons ces vérités pour évidentes, que tous les hommes naissent égaux, qu’ils sont dotés par leur créateur de certains droits inaliénables, parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur. Que pour garantir ces droits, des gouvernements sont institués parmi les hommes, qui détiennent leurs pouvoirs légitimes du consentement des gouvernés, que chaque fois qu’un type de gouvernement va à l’encontre de ces fins, le peuple a le droit de le modifier ou de l’abolir, et d’instituer un nouveau gouvernement, reposant sur de tels principes et en organisant ses pouvoirs d’une manière telle qui les rendraient plus susceptibles d’assurer leur sécurité et leur bonheur. La prudence, en effet, dictera que les gouvernements établis depuis longtemps, ne doivent pas être changés pour des causes futiles et éphémères ; et en conséquence, toute expérience a montré que l’humanité est plus disposée à souffrir, lorsque les maux sont supportables, que d’user de son droit pur changer la situation à laquelle ils sont habitués. Mais quand une longue suite d’abus et d’usurpations, poursuivant invariablement le même objectif, révèle un dessein de les réduire sous un despotisme absolu, c’est leur droit et leur devoir de renverser un tel gouvernement et d’obtenir de nouveaux garants pour leur sécurité future.
Les Black Panthers avaient des sections dans 48 Etats américains et dans plusieurs pays étrangers (Mozambique, Afrique du Sud, Zimbabwe, Japon, Chine, France, Royaume-Uni, Allemagne, Suède, Uruguay, etc).
Le Black Panther Party a lancé plus de 35 programmes de survie et fourni une aide communautaire, comme l’éducation, le dépistage de la drépanocytose et de la tuberculose, l’aide juridique, l’aide au transport, le service d’ambulance, la fabrication et la distribution de chaussures gratuites aux pauvres. Commencé en janvier 1969, le programme Petit-déjeuner gratuit pour les enfants, qui s’est étendu à toutes les grandes villes américaines avec une section Black Panther Party, a été particulièrement remarqué. En 1966, le gouvernement fédéral avait introduit un programme pilote similaire, mais sans doute en réponse à l’initiative des Panthers, il a prolongé le programme, avant de le rendre permanent en 1975, sans aucun doute au grand dam de Edgar Hoover.
Le FBI a infiltré l’organisation noire révolutionnaire pour engendrer les divisions, en plus d’exercer une sévère répression envers eux. Les Black Panthers ont perdu de leur influence et leurs activités ont cessé dans les années 1970-1980.
Aux Etat-Unis et en Europe, les violences policières blanches sont toujours d’actualité envers les communautés noires sans défense.
The Black Power Mixtape 1967-1975 (2011)
C’est un documentaire d’1h30 du réalisateur suédois Göran Hugo Olsson, avec les commentaires de Erykah Badu, Harry Belafonte, Stokely Carmichael, Kathleen Cleaver, Angela Davis, Danny Glover, Melvin Van Peebles, les Black Panthers Booby Seale, Huey P. Newton, Eldridge Cleaver, etc. Il retrace l’évolution du mouvement Black Power de 1967 à 1975 et de sa résonance mondiale. Le film associe musique et reportage – des images en 16mm tournées dans les années 1960-1970 sont restées au fond d’un placard de la télévision suédoise pendant trente ans – ainsi que des interviews de différents artistes, activistes ou musiciens qui sont des piliers de la culture africaine-américaine.
St@y connected!
Salaura DIDON
Catégories :Desk