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La Guadeloupe, un nouveau membre de l’OECO/ OECS

Le jeudi 14 mars 2019 est une date symbolique pour la Guadeloupe, département d’Outre-mer et région ultrapériphérique européenne, située dans la mer des Caraïbes, qui va signer ici chez nous son adhésion à l’Organisation des Etats de la Caraïbe Orientale (OECO).

Pourquoi y adhérer?

Le Centre d’Analyse Géopolitique et Internationale (CAGI), l’association Contact recherche en Caraïbes (CORECA) et la Région Guadeloupe ont organisé une journée d’étude le jeudi 28 février 2019 sur le campus de Fouillole, Université des Antilles, pour informer sur l’adhésion de la Guadeloupe en qualité de membre associé de l’OECO.

Depuis 2014, la Guadeloupe est déjà membre associé de l’Association des Etats de la Caraïbe (AEC/ ACS). L’adhésion à l’OECO est un pas supplémentaire. La Région Guadeloupe veut mettre en place une coopération innovante et inclusive, et relever les défis communs des îles des Caraïbes.

Pour Fred Reno, professeur des universités en sciences politiques et directeur du CAGI, il est nécessaire « de présenter les enjeux de cette adhésion à la fois pour la Guadeloupe, mais aussi pour les autres pays de l’OECO ».

Il existe des origines historiques, politiques et culturelles concernant la représentation de la Guadeloupe, qui serait étrangère à son espace géographique.

« La Guadeloupe a toujours été membre de la Caraïbe de l’Est. Avant la création de l’OECO, la Guadeloupe était déjà dans la Caraïbe orientale et coopérait avec ses voisins. Elle adhère tout naturellement par conséquent à l’organisation représentative de l’ensemble des territoires de la région. En vérité, nous ne faisons que formaliser une réalité à la fois géographique, historique et culturelle. On le voit, la géographie s’impose à nous. Nous sommes un des maillons de la chaîne insulaire. L’histoire pré-coloniale nous lie. Nos îles étaient peuplées de population qui à l’époque circulait avec moins d’obstacles, de territoire en territoire et sans visa. L’histoire coloniale n’est pas responsable de toutes les divisions. Mais à l’évidence, elle en a ajoutée au point que des Caribéens oublient parfois qu’ils sont d’abord Caribéens, persuadés que par la magie d’un passeport, on peut effacer ce qui est inscrit dans la nature. En réalité, il faut assumer sans complexe, nos identités. Etre européen n’exclut pas que l’on soit Caribéen. C’est le sens d’ailleurs de l’adhésion de la Guadeloupe au sein de l’OECO. C’est ce que traduit le statut de membre associé au sein de l’OECO. Bien que la Guadeloupe comme la Martinique soient désignés Etats membres de l’OECO. Nos territoires sont des membres associés de l’OECO parce qu’ elles sont des collectivités françaises », explique Fred Reno.

L’objectif de cette journée est d’expliquer ce qui pourrait être perçu comme une contradiction. La Guadeloupe est un territoire non indépendant. Selon le politologue, « l’adhésion de la Guadeloupe au sein de l’OECO correspond à une avancée indéniable du processus d’insertion de la collectivité dans son espace, mais n’autorise pas à mon avis que l’on parle d’intégration. L’intégration suppose que l’on adhère à des logiques de supranationalité ».

Il est impossible d’intégrer l’espace militaire ni l’espace judiciaire, puisque la Guadeloupe est dans l’espace militaire européen, et dans l’espace judiciaire français. « Nous sommes amenés à réaliser de la coopération décentralisée et peut-être de la diplomatie territorialisée (…) sous le regard jacobin de l’Etat français », affirme le directeur du CAGI.

Il résume que « c’est une formidable opportunité de coopération », dans divers secteurs prioritaires (santé, changement climatique et gestion des risques, coopération scolaire et universitaire, agriculture, transport, écologie et environnement) qui sont présentés par des chercheurs et de représentants de l’OECO lors de cette manifestation.

Julien Merion, Président du CORECA, parle de l’importance et du rôle de la société civile (individus, associations, mouvements culturels, des groupes de carnaval) dans la réalisation d’une coopération réussie. Elle contribue à des activités de coopération afin de renouer des relations avec les voisins caribéens. La coopération avec la Caraïbe de l’Est est omniprésente. « Il y a exactement 8 jours, nous étions à Sainte-Lucie pour participer au 40ème anniversaire de l’indépendance, avec l’association sainte-lucienne qui est notre correspondante, et avec laquelle nous sommes jumelées. Demain, arrivera en Guadeloupe, une délégation de Sainte-Lucie pour le carnaval », dit-il.

« We share a lot (history, culture), even if we don’t share language, we share quite a lot, including proximity to each other. And we certainly have been cooperating in many ways, in many spheres for many years », a déclaré le Dr Carlène Radix, directrice du service de santé de l’OECS. Elle a présenté l’histoire de l’OECO, son évolution, son fonctionnement, ses missions basées sur le soutien d’un développement durable à travers l’intégration et des actions collectives. Il existe une monnaie commune qui s’appelle le Eastern Caribbean dollar, et elle indique:« there are several institutions related to the OECS including the Eastern Caribbean Central Bank in St Kitts, the Eastern Caribbean Supreme Court in St Lucia, the Eastern Caribbean Telecommunications Authority in St Lucia, the Eastern Caribbean civil aviation authority in Antigua ». Elle a aussi abordé le projet INTERREG CARE (Coopération, Accessibilité, Référents, Système d’informations Electroniques). Lancée en octobre 2018, cette initiative vise à permettre aux patients de l’OECS de mieux accéder à l’offre de soins dans les territoires français de la Caraïbe.

Nathalie Isaac, directrice du service coopération de la Région Guadeloupe estime que « le modèle de développement de la Guadeloupe ne peut se penser qu’à travers le prisme de l’ouverture à l’international ».

La triple appartenance à la France, à l’Europe et à la Caraïbe est revendiquée comme une force. « En effet, alors que le phénomène de mondialisation s’accroît, que les enjeux d’importances tels que l’environnement nécessite une réponse internationale et que les territoires émergent sur la scène internationale au côté des différents Etats, cette triple appartenance est une opportunité pour le développement du territoire guadeloupéen. Nous vivons dans un archipel qui possède plusieurs façades maritimes ouvertes sur différentes parties du monde, la Caraïbe, l’Amérique du Sud, l’Amérique du Nord. Ce patrimoine maritime a contribué à construire nos valeurs, notre économie et une certaine qualité de vie. (…) Du point de vue de la Guadeloupe, intégrer l’OECO dans un contexte d’interdépendance mondiale, ça sonnait comme une évidence. Notre développement économique passe par cette logique inéluctable de partage de destin commun », ajoute-t’elle. Il s’agit d’un principe de réciprocité, une logique d’échange et de coopération basée sur des avantages comparatifs propres à chacun des territoires. La Guadeloupe peut apporter son expertise dans les domaines de l’environnement et de la gestion des risques.

L’autorité de l’OECS va rencontrer et échanger avec la population le vendredi 15 mars 2019 de 15h à 17h30 sur le campus de Fouillole pour une séquence spécifique en collaboration avec le CAGI.

L’OECS et le CORECA étaient en direct sur leur Facebook respectif. L’intégralité de cette journée d’étude sera bientôt disponible sur le site manioc.org.

Members of the Organisation of Eastern Caribbean States (OECS)

En 1981, sept pays et territoires anglophones caribéens ont initialement fondé l’OECS: Antigue et Barbude, Dominique, Grenade, Montserrat, Saint-Kitts et Nevis, Sainte-Lucie, Saint-Vincent et les Grenadines.

Aujourd’hui, l’OECS est composé de dix Etats membres de la Caraïbe anglophone: Antigua-and-Barbuda, Dominica, St. Kitts and Nevis, Grenada, Montserrat, Saint Lucia, St. Vincent and The Grenadines. Anguilla, The British Virgin Islands sont des membres associés comme la collectivité territoriale de la Martinique depuis 2015. Saint-Martin deviendra bientôt un territoire observateur.

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Salaura DIDON

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