Reportage

[Photo-reportage] Obligation vaccinale : Les résistants restent toujours mobilisés et déterminés sur le BIK du CHU de la Guadeloupe

Le Collectif des Organisations en lutte a organisé un meeting au BIK à rézistans du CHU de la Guadeloupe mercredi 17 août 2022 à 19h. Voici quelques photos et deux vidéos accompagnées d’un résumé en français des discours des syndicalistes et d’un court résumé en anglais.

Les syndicalistes demandent la réintégration, l’indemnisation et la réparation automatique des personnels suspendus. Ils exigent surtout le respect pour eux-mêmes, pour leur dignité, pour leur travail et pour le droit au soin pour les malades.

Les syndicalistes attestent que 80% de la population en Guadeloupe refuse la vaccination. Ils sont pour la liberté de choisir de se faire vacciner ou non. Les Guadeloupéens sont très solidaires et font des dons aux résistants.

Le collectif poursuit sa lutte pour la rentrée 2022, le mois de septembre 2022. Ils ont déjà leur calendrier de rendez-vous.

Jean-Marc ANGELE, secrétaire général de Solidaires Guadeloupe a présenté chaque syndicaliste.

Michel JERENT demande au public de se lever et de faire une minute de silence pour les plus de 800 Guadeloupéens décédés à cause de la Covid. Ensuite, il donne un exemple sur la situation vaccinale des personnels de santé : 48% des professionnels dans les Ehpad n’ont pas 3 doses.

Franck LAUBLAS, secrétaire général de l’UNASS-UGTG, affirme que la grève se poursuit en médecine du travail-CIST et qu’il relance la directrice régulièrement pour la rencontrer. Vu la situation et que l’épidémie n’existe plus en Guadeloupe, il lui demande de reprendre les négociations pour que les collègues non vaccinés puissent retourner au travail. Dans cette structure, personne n’a un schéma vaccinal complet. Mais la directrice refuse de les entendre.

Camarade Malcolm de l’UTAS-UGTG explique que c’est une politique de punition qui est mise en place. Il n’y a aucun caractère sanitaire.

Ruddy MANUEL, délégué syndical de la CGTG, ARCELORMITTAL, poursuit la lutte de l’intérieur, soutient la lutte des personnels soignants, dénonce les élus politiques.

Gaby CLAVIER, secrétaire de section UTS-UGTG au CHU de la Guadeloupe, précise que Septembre est un mois faisant parti de la saison des cyclones, et que les Guadeloupéens sont habitués au cyclone. Il a déjà averti l’Etat français, les élus politiques de Guadeloupe, la direction du CHUG, Eric GUYADER, le nouveau directeur du CHUG, qui prendra ses fonctions le jeudi 15 septembre 2022, que si les personnels suspendus sont toujours dehors, il ne sera jamais installé au CHUG.

Les syndicalistes ont compris que le jeu est de réduire les masses salariales de la santé pour rendre le soin hospitalier le moins coûteux possible, et le moins inaccessible possible. Des personnes sont isolées chez elles parce qu’il n’y plus de soins et de consultations, parce que leur infirmier, leur aide-soignant, aide-ménagère, leur kinésithérapeute, leur orthophoniste sont suspendus. Ce n’est pas normal de maintenir la suspension des personnels alors que la Covid ne circule plus, comme l’Etat prétendait qu’elle circulait pour justifier l’avis du Conseil scientifique, de l’Académie nationale de médecine, de la Haute Autorité de Santé défavorable à la réintégration des personnels soignants, compte tenu de l’épidémie en France hexagonale. Or en Guadeloupe, rien ne justifie le maintien de la suspension. C’est une décision politique qui n’est pas médicale, ni sanitaire, ni humaine. L’Etat a fait un choix éthique pour refuser de réintégrer les soignants. Cela n’a pas de sens puisque ces personnels sont dans une souffrance inadmissible. De plus, les soins ne continuent pas dans les hôpitaux, l’accès au soin n’est pas présente dans les établissements de santé, ni dans le secteur public, ni dans le secteur privé.

Il aurait aimé que nos élus politiques puissent comprendre cette réalité, que l’Etat constate et puisse prendre des décisions par rapport à un contexte particulier : celui de la Guadeloupe où 80% de la population refuse la vaccination. Nos élus politiques sont incapables de nous défendre, d’exprimer une position politique pour dire d’arrêter les conneries et la violence.

Les syndicalistes ont compris que l’objectif politique est de briser les femmes, les hommes, une structure familiale, des travailleurs pour qu’ils soient des rampants en Guadeloupe. Sauf que ces personnels suspendus sont déterminés. Ils connaissent leur valeur en tant qu’être humain, leur corps, ce que signifie le vaccin, le fer, le marquage (en référence à l’esclavage des noirs dans les colonies aux Antilles françaises). Les Guadeloupéens connaissent ce qu’est le respect de leur corps, de leur liberté, de leur dignité. Ils n’accepteront jamais autant de violences à leur encontre.

Les syndicalistes s’organisent pour créer une véritable guerilla sociale en Guadeloupe. Le crime ne restera pas impuni. Ils demandent leur réintégration, le respect, leur indemnisation, la prise en compte du droit au soin pour les malades. C’est une loi scélérate, qui enfreint toutes les dispositions légales du code du travail et du statut général des fonctionnaires. Tout le monde a le même droit à la qualité de la vie.

Lita DAHOMAY de Combat ouvrier demande au public de féliciter tous les soignants résistants, malgré leur situation difficile. Le collectif continue de mener des actions et de les soutenir jusqu’au bout. Elle estime que les jeunes avaient raison de se révolter sur les barrages en 2021 parce que des familles ont été suspendus.

Jocelyn ZOU, secrétaire général adjoint de Force Ouvrière constate que l’Etat ne dit pas combien quitte réellement la profession de pompiers et la mission de pompiers volontaires. Il y a quelques milliers de professionnels qui ont quitté la profession de pompiers. Plus de 7000 volontaires sont suspendus.

Il aurait aimé savoir pourquoi autant de Guadeloupéens, de jeunes personnes meurent à cause d’un AVC, d’une crise cardiaque et d’une embolie pulmonaire. Il y a des médecins qui obligent les personnes agées à se faire vacciner et elles meurent. Il se demande si elles n’étaient pas vaccinées, est-ce qu’elles seraient toujours en vie. Par conséquent, ils iront jusqu’au bout en tant que résistants.

Rony TILLE, secrétaire général de la CGTG CHU, dit que le nouveau directeur ne changera rien, il arrivera comme Gérard Cotellon avec une feuille de route pour appliquer les mêmes méthodes.

Il exhorte tous les travailleurs à lutter ensemble, et il incite les travailleurs de Jarry à être au côté des travailleurs de la santé parce que l’Etat français est au service des patrons.

Maïté HUBERT M’TOUMO, secrétaire générale de l’UGTG, parle du manque de soins que l’Etat colonial français a décidé de mettre en oeuvre, pour détruire notre peuple et disloquer les familles guadeloupéennes. Il y a une différence de prise en charge et de traitement en France hexagonale. C’est une volonté délibérée de ne pas fournir les moyens qu’il faut, les médicaments, les matériels pour soigner la population en Guadeloupe. Rien ne peut se faire malgré la bonne volonté des soignants qui sont très épuisés, sans matériels, sans moyens humains. Sans santé, il n’y a pas de peuple.

Elle rappelle comment l’Etat a décidé de détruire notre jeunesse avec l’exemple de l’arrestation des Grands Frères et les camarades syndicalistes envoyés en Martinique ou détenus dans leur prison en France hexagonale. Ils détruisent les familles. Les structures de formation ferment et il n’y a pas de solutions, dans un territoire où le taux de chômage explose, la violence augmente, les accidents augmentent, les maladies se propagent. C’est le silence total au niveau des autorités locales et de nos élus politiques. Ces derniers ne disent rien en faveur de la protection et du soin du peuple.

C’est une politique meurtrière. Il y a des problèmes partout en Guadeloupe (ordures, multiplication de rats, développement de maladies à cause des rats, problème d’eau avec la régie des eaux). Aucune mesure n’est prise pour avoir une eau de qualité sans caca, sans chlordécone.

Elle affirme que nous sommes en capacité avec nos connaissances et nos compétences de décider pour nous de ce qui est bon pour nous en Guadeloupe, et qu’il faut continuer à expliquer la situation aux Guadeloupéens et leur dire qu’ils sont en danger.

Il s’agit maintenant de se focaliser sur des actions de solidarité (vente de repas, professeurs qui donnent des cours de soutien scolaire, dons pour la rentrée scolaire, dons d’argent, dons de denrées alimentaires) pour continuer la lutte.

Le meeting est suivi de trois interviews sur l’état des lieux de la situation des suspendus en Guadeloupe.

Selon Maïté HUBERT M’TOUMO, secrétaire générale de l’UGTG, cela fait dix mois que les camarades sont sans salaire (le personnel de santé du CHU, CHBT, au niveau des cliniques, les camarades du médico-social, dans les associations, de petite enfance, d’enfance en difficulté, des adultes en difficulté, les camarades de la CIST qui est la médecine du travail). Ces derniers sont les premiers mobilisés contre l’obligation vaccinale. Tous ces personnels sont suspendus. C’est une situation difficile financièrement pour eux. C’est pourquoi des actions de solidarité permanentes sont mises en place pour permettre à ces personnels de manger. Les Guadeloupéens sont solidaires, déposent des denrées alimentaires au Palais de la mutualité et sur des piquets de grève. Il y a aussi des contributions financières. Des actions ponctuelles se poursuivent pour permettre aux camarades de continuer de vivre. Pendant les grandes vacances, le collectif a renforcé la solidarité avec la vente de repas le jeudi 14 juillet 2022, la journée de résistance en famille avec la vente de tickets de tombola le samedi 20 août 2022. En même temps, le combat continue pour refuser de prendre le vaccin parce que l’actualité leur donne raison, la piqûre a des effets secondaires (thrombose, dérèglement hormonal, AVC). Le système de soin est aggravé, et d’autres problèmes existent (eau, ordure, chômage). C’est une volonté de détruire le pays. Elle appelle l’ensemble des Guadeloupéens à rester mobilisés. Il y a eu une belle mobilisation le samedi 23 juillet 2022. En septembre, le collectif s’organise pour repartir au combat pour la santé, la jeunesse et les travailleurs.

Le collectif est en lien avec d’autres pays dans le monde. Les syndicalistes guadeloupéens servent d’exemple, et leur résistance est admirée. Il y a eu un élan de solidarité partout avec des communiqués de soutien, avec des personnes mobilisées dans les ambassades lors du procès de Elie DOMOTA et de Gaby CLAVIER. La solidarité internationale est importante, donc ils s’organisent pour maintenir le lien.

Selon Gaby CLAVIER, secrétaire de section UTS-UGTG au CHUG, la Guadeloupe compte 1600 suspendus dans le secteur public, le secteur privé, dans le médico-social, dans les Ehpad, chez les libéraux. Depuis une année, des personnes ont repris le travail après avoir accepté de se faire vacciner. Il y a celles qui ont eu un sursis Covid pendant quelques mois et ensuite elles ont été suspendues encore. Celles qui ont attrapé la Covid se sont mises en arrêt maladie pour ne pas retomber dans le système de suspension. Il y a des personnes vaccinées qui ont repris le travail et qui sont en congé maladie. Un certain nombre sont en arrêt maladie (burn out, mal au corps, maux de tête, congé ordinaire, congé de longue maladie). Celles qui restent travailler au CHU sont fatiguées. Le CHU compte 3000 agents, 2200 titulaires et 800 contractuels. Ces 800 contractuels remplacent des personnes qui sont en arrêt maladie. Par conséquent, on paye le salaire des personnes en arrêt maladie et ceux des contractuels. C’est une catastrophe financière, humaine (briser et intimider le personnel), sanitaire (refus de soigner les malades, euthanasie), médicale (la crédibilité des médecins est entamée car personne ne leur fait confiance, car des personnes qui ont pris le vaccin sont soit handicapées, soit mortes ; elles ont des problèmes de santé permanents. A peine 50 % des blocs fonctionnent au CHU. Le reste des activités se fait à la clinique les Eaux Claires ou à la Polyclinique. C’est aussi une catastrophe managériale : les directeurs des établissements de santé qui ont participé à cette opération, qui ont contraint les gens à la vaccination, qui ont suspendu des personnels sans respecter les règles de concertation, les règles de persuasion, sans les instances de représentation de personnels, sans état des lieux sur la situation du personnel. Par ailleurs, plus de 300 agents du CHU ont attrapé des Covid longs. C’est une catastrophe sociale : pourquoi il n’y avait pas de soin en Guadeloupe, pourquoi il n’y avait pas de prévention, pourqoi il y avait un matraquage médiatique pour inciter les personnes à se faire vacciner et ensuite leur dire que c’est un traitement; et au final, elles attrapent d’autres problèmes de santé. Donc l’Etat doit tenir compte du fait que 80% des personnes en Guadeloupe refusent de se faire vacciner. Sans pression hospitalière, sans embouteillage aux urgences, il n’y a pas de malades Covid au CHU sauf certains cas, les plus fragiles et ceux qui ont déjà des difficultés de santé.

Le fait de dire de se faire vacciner pour travailler est aberrant et violent. La suspension d’un agent revient à ôter la vie à une famille (études des enfants, patrimoine, etc.). Par ailleurs, ce sont des décisions non fondées en droit. Les décisions de suspension prises ne sont pas des sanctions disciplinaires. Dans la fonction publique hospitalière et en général, les décisons de suspension existent pour une durée maximale de 4 mois et le salaire est maintenu en attendant une procédure disciplinaire qui établit une faute que l’agent a fait. Or il n’y a pas de faute. Il faut qu’il y ait une faute pour sanctionner une personne. Une fois la faute constatée, il faut dire à l’agent sa faute, lui communiquer son dossier, afin qu’il puisse engager des négociations et contester les décisions prises. Or il n’y a pas de contestation possible. C’est quelque chose de violent qui est inédit. L’Etat bafoue toutes les libertés individuelles en matière de consentement libre et éclairée, en matière de connaissance du produit injecté.

Leur résistance a une portée internationale qui est extraordinaire. A cause de la défiance envers l’Etat français, 80% des Guadeloupéens refusent de se faire vacciner et savent quoi faire pour se protéger de manière traditionnelle et assurer leur défense immunitaire. Leur engagement a du sens, même si c’est difficile pour les familles et les malades. C’est une catastrophe humaine parce que le seul professionnel qu’une personne isolée, handicapée ou agée voyait dans la journée, c’était l’infirmière, l’aide-ménagère, le kinésithérapeute.

C’est une résistance qui dure depuis une année parce qu’il y a beaucoup de solidarités. Par exemple, les enseignants se sont mobilisés pour faire du soutien scolaire, des parents donnent des bons scolaires de 100 euros aux suspendus, des gérants de gîtes permettent aux suspendus de passer un week-end avec leur famille.

L’Etat doit réintégrer les personnels, leur donner leur travail dans les mêmes conditions qu’ils avaient avant leur suspension, et les indemniser pour les préjudices subis. Des procédures sont en cours pour la réintégration et l’indemnisation des personnels devant le conseil des prud’hommes et le tribunal administratif. Il y a des dossiers devant le tribunal d’appel de Bordeaux pour le secteur public.

Il rappelle qu’aucun nouveau directeur ne rentrera au CHUG pendant que les suspendus sont dehors, idem pour le CHBT et l’EPSM. Ce sont les trois plus grands établissements en Guadeloupe.

Il n’y a pas de raison de maintenir les personnels dans une situation dramatique sauf pour les punir par rapport à leur résistance et leur fierté. Les élus locaux sont incapables de nous défendre. Les résistants ont raison en droit, au point de vue sanitaire, en termes politique. L’échec du système de santé, la disloquation de l’offre de soins, c’est une échec politique de l’Etat français en Guadeloupe.

S’il n’y a pas de négociations, de réintégration des personnels, d’arrêt de toute cette violence, le système hospitalier ne marchera pas en Guadeloupe. Il n’y aura pas de conseil de surveillance, pas de conseil d’administration, rien ne fonctionnera tant que les suspendus seront dehors.

S’agissant de Michel JERENT, cet infirmier libéral, co-organisateur de Lakou santé a imaginé avec le cardiologue Docteur Mona HEDREVILLE ce concept pour apporter leur expertise aux personnes, pour valoriser la parole des experts en santé, en rimed razié, ceux qui ont besoin de parler. La santé des personnes, c’est aussi la culture, la musique, le social, l’économie, la psychologie, un ensemble d’us et coutumes qui permettent a une personne d’être en santé.

Ce sont des résistants qui ont choisi de ne pas se faire vacciner. Maintenant, ils entendent que des personnes ont eu des effets secondaires graves ou meurent. Ils luttent pour leur liberté. Ils ne sont pas contre les vaccinés, ils veulent juste être libre de faire ce qu’ils veulent avec leur corps.

Leur vie est organisée dans la lutte, ils vivent grâce soutien du peuple guadeloupéen, ils ont appris à vivre à l’économie même si l’argent est nécessaire pour vivre. Grâce au peuple et aux ancêtres, ils restent déterminés.

Un prochain article sera consacré à une journée Lakou Santé au Bik a rézistans du CHU de la Guadeloupe.

A short summary in English

In Guadeloupe, trade unionists (Le Collectif des Organisations en lutte) organized a meeting at the Bik à rézistans of the main hospital in Pointe-à-Pitre on Wednesday 17th August 2022 at 7 p.m. They are calling for the reinstatement, compensation and automatic redress of the suspended caregivers. Above all, they demand respect for themselves, for their dignity, for their work and the right for the patient to have acces to care.

Gaby CLAVIER, the main trade unionist of the section UTS-UGTG in the hospital, has already warned the French government, the local politicians, the management of the hospital that Eric GUYADER, the new director of the hospital, will never be at his post, if all the suspended caregivers are still outside. Eric GUYADER, the new director of the hospital, will start on Thursday 15th september 2022.

Trade unionists say that 80% of the population in Guadeloupe refuses vaccination. They are for the freedom to choose to be vaccinated or not. The people of Guadeloupe are very supportive and make donations to resistance fighters. The trade unionists are ready for September 2022 and will continue to defend their rights to exist and live.

St@y connected !

Salaura DIDON

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