Le Comité Marche du 23 Mai 1998 a organisé la ronde des Tambours pour nous faire voyager en Guyane avec le groupe Tchô Péyi (Kasékò), à la Réunion avec Loran Maryan Maloya (Maloya), à la Martinique avec Bèlèspwa Danmyé janbé dlo (Bèlè), et à la Guadeloupe avec Somnanbil et le groupe Nou K Bay (Gwoka et Boulagyèl) lors de la 26ème Journée nationale en hommage aux victimes de l’esclavage colonial le jeudi 23 mai 2024 à partir de 20 heures, sur l’esplanade de la Basilique de Saint-Denis. Avant le début de la ronde des Tambours, K@ribbean Newsweek a rencontré, en se promenant, le Roi Oba Adetutu Akinmu Akikenju VI, Onishabè, souverain du royaume Yoruba de Savè (Shabè) au Bénin, invité à la commémoration à la place Robert de Cotte à Saint-Denis où se trouve la sculpture composée des médaillons comportant le nom des esclaves, un monument de l’artiste Nicolas Cesbron. Les aïeux du Roi Oba Adetutu Akinmu Akikenju VI, Onishabè lui ont transmis la mémoire sur la traite négrière. Il est un fin connaisseur de l’histoire de son pays et de l’Afrique de l’Ouest. Il a expliqué à K@ribbean Newsweek sa présence à la commémoration en hommage à nos ancêtres victimes de l’esclavage colonial, sa collaboration avec les responsables des associations et il a aussi délivré un message aux afrodescendants qui vivent dans ce qui est appelé les CaraÏbes et/ ou les Amériques.
« Vous savez dans la déportation des esclaves, Abomey a eu à jouer un rôle très négatif puisqu’en fait c’est un état esclavagiste parce que c’est cela qui a fait sa puissance, parce que esclaves contre des armes, surtout des armes pour pouvoir annexer nos royaumes voisins. […] Le Royaume de Shabè a été sous la domination d’Abomey qui payait des tribus avant la colonisation. Donc quand les Français sont venus, ils [Abomey] nous ont tellement traumatisé que nous avons accueilli les Français en libérateur […] C’est pour vous donner l’exemple de vraiment la crauté. Ce que les armes acquis par la vente, le commerce de la traite a pu produire les effets néfastes. Mais maintenant, nous avons dépassé tout cela. Ma présence ici, avec les relations que j’ai eu avec les différents responsables des associations, c’est pour les soutenir dans leur travail qu’ils font ici, de réconciliation, d’apaisement des esclaves. Abomey a eu à faire cela. Nous sommes tous responsables de cela. Nous, les rois du Bénin « .
« Le message est que nous sommes avec eux [les afrodescendants dans les Caraïbes et les Amériques], nous regrettons tout ce qui s’est passé et nous continuons dans le chemin de réconciliation, nous leur demandons de construire l’avenir dans la paix, tournons nous vers l’avenir et essayons d’éduquer nos enfants dans le chemin où il y a réconciliation entre les afrodescendants et leurs origines et leurs ancêtres que nous sommes ».
« Les royaumes qui ont été déportés, c’est à la suite des guerres que Abomey gagnait parce qu’ils avaient des armes qu’ils ont eu par la traite négrière ».
« Vous savez il y a les anglais et les français, qui se sont partagés les territoires. Par exemple, mon royaume a laissé dans ce partage-là 2000 kilomètres carrés qui est passé du côté anglais et le restant est resté au Bénin, soit 6000 kilomètres carrés ».
« Il y en a beaucoup [des captifs déportés]. En Amérique, surtout il y a des populations qui sont purement Shabè. […] Que cela soit Porto-Novo… un peu partout les Yoruba, Kétou et autres-là ont été mis en esclavage et déportés. C’est pour cela que nous avons à peu près 90% sur le total qui sont des Yoruba ou assimilés ».
La ronde des Tambours avec les quatre péyi ultramarins
Destination la Guyane avec le groupe Tchô Péyi (Kasékò), la Réunion avec Loran Maryan Maloya (Maloya), la Martinique avec Bèlèspwa Danmyé janbé dlo (Bèlè), et la Guadeloupe avec Somnanbil et le groupe Nou K Bay (Gwoka et Boulagyèl). Vibrez au son des Tambours !
A la fin de la ronde des Tambours, Emmanuel Gordien, président du Comité Marche du 23 Mai 1998 a remercié les artistes et le public pour leur participation à cette 26ème journée de commémoration de nos aïeux qui sont nés dans un système terrible et qui font de la musique terrible.
« Mesdames et Messieurs, j’étais en train de rêver d’un Festival de Tambours. Ki tan nou ka mèt sa en wout? [….] Nous avons tenu cette année à les [aieux] mettre en valeur et je pense qu’il va falloir tous les ans les mettre en valeur. C’est cela qu’ils ont crée, c’est pur. Donc il faut que nous comprenions que nos sociétés sont des vrais sociétés. Il faut que nous commençons nous-même. Je vous donne un défi : il faut que dans tous les territoires, tous les petits pays sé kon sa an ka kriyé yo, nous arrivons à trouver les Mèt Bèlè, les Mèt Maloya, les Mèt Gwoka, les Mèt Kasékò pour que nous fassions leur généalogie et que nous trouvons qui ont été leurs parents qui leur appris à faire cela. Nou ka fèye? Donc je vous propose que nous clôturons cette soirée avec cette bonne fin de soirée, que vous rentriez chez vous tranquillement et vous vous disiez que oui nous sommes issus d’un peuple qui a beaucoup souffert mais qui a crée. Ce sont des survivants et nous sommes fiers d’être des enfants de ces survivants ».
Le Comité Marche du 23 mai 1998 (CM98) est une association mémorielle antillaise qui vise à :
- Réhabiliter, honorer et défendre la mémoire des victimes de la traite négrière et de l’esclavage des ex colonies françaises.
- Faire connaître l’histoire de la traite négrière et de l’esclavage colonial, ainsi que les spécificités des sociétés post – esclavagistes.
- Participer aux luttes contre toutes les stigmatisations et les discriminations de population du fait de leur origine, leur genre, leur culture, leur religion ou leur histoire.
Quelques photos de cette commémoration
Un membre du Comité Marche du 23 mai 1998 a remis un document de généalogie sur le nom d’un ancêtre à un membre de chaque groupe: Tchô Péyi de la Guyane, Loran Maryan Maloya de la Réunion, Jony Lerond dit Somnanbil de la Guadeloupe.
K@ribbean Newsweek était aussi en Facebook live :
Kasékò avec le groupe Tchô Péyi de la Guyane https://www.facebook.com/KaribbeanNewsweek/videos/2794541804036021
Maloya avec Loran Maryan Maloya de La Réunion https://www.facebook.com/KaribbeanNewsweek/videos/1672867783462150
Bèlè avec le groupe Bèlèspwa Danmyé janbé dlo de la Martinique https://www.facebook.com/KaribbeanNewsweek/videos/447355787882107
Gwoka et Boulagyèl avec Somnanbil et le groupe Nou K Bay de la Guadeloupe https://www.facebook.com/KaribbeanNewsweek/videos/1450064649204714
Vous pouvez aussi regarder des photos et des vidéos de cette soirée sur mon Instagram.
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Salaura DIDON
Catégories :Reportage




















































































































