La Guadeloupe est un département et une région d’outre-mer (DROM). C’est une région monodépartementale et une région ultrapériphérique (RUP) européenne, située dans la mer des Caraïbes (en référence à la population amérindienne Karibs -Caribs ou Caraïbes- décimée) à près de 7000 kilomètres et à 8 heures d’avion de la France hexagonale.
Le contexte historique
Lors de son deuxième voyage le 4 novembre 1493, Christophe Colomb débarque en Guadeloupe rebaptisée en référence au monastère espagnol de Santa Maria de Guadalupe de Estremadura, érigé en 1340 par le roi Alphonse XI de Castille et Léon. En 1635, les Français avec Jean du Plessis en Guadeloupe et Pierre Belain d’Esnambuc en Martinique jettent les premiers fondements de la colonisation après avoir déjà connu une première expérience de colonisation française sur l’île Saint- Christophe en 1625, aujourd’hui Saint-Kitts.
La Guadeloupe a connu une première abolition de l’esclavage qui a duré sept ans (1794-1802) décrété par la Convention. La guerre insurrectionnelle de 1802 oppose les militaires noirs aux hommes du général Richepance envoyés par Napoléon Bonaparte pour rétablir l’esclavage. Cette guerre antiesclavagiste est singulière et est menée par des officiers noirs et de couleur comme le Commandant Joseph Ignace et le Colonel Louis Delgrès. Ils ont été recrutés quelques années auparavant par les troupes régulières de l’armée française pour faire échec à l’alliance des Blancs esclavagistes, qui ont pactisé avec les Anglais, en réponse à l’abolition de l’esclavage, afin de préserver leur plus-value humaine.
La seconde et dernière abolition date de 1848. Les Africains, devenus esclaves en Guadeloupe, ont toujours lutté pour leur liberté, gagnée par le sang versé.
La dimension géographique
La Guadeloupe ou « Gwadloup » en créole guadeloupéen est un archipel de 1702 km², constitué de cinq groupes d’îles. D’abord, la Guadeloupe continentale (1438 km²) comprend deux îles principales séparées par la Rivière Salée: Grande-Terre à l’Est (590 km²) reliée par le pont de la Gabarre et le pont de l’Alliance à l’île de Basse-Terre à l’Ouest (848 km²). A quelques encablures du papillon, nous distinguons les cinq dépendances ou îles du sud représentées par Marie-Galante (158 km²), surnommée « la Grande Galette » au sud, la Désirade à l’est (22 km²), puis Petite Terre et l’archipel des Saintes (avec Terre- de- Haut et Terre- de- Bas) au sud ouest (14 km²).
Les aspects démographiques et linguistiques
Selon l’INSEE, la population de la Guadeloupe compte 394 110 habitants au 1er janvier 2016. Il est difficile de fournir des données sur la répartition ethnique de la Guadeloupe. Les populations autochtones d’autrefois, les Caraïbes et les Arawaks ont quasiment disparu. Ils ont été remplacés par des communautés diverses qui sont le produit de l’esclavage et de l’implantation coloniale. Aujourd’hui, la Guadeloupe est composée d’une population pluriethnique et allogène. La majorité des descendants d’origine africaine cohabitent avec les descendants des « Petits Blancs » ou « 36 mois » appelés « Blan Peyi ou Blancs-Matignon » en Guadeloupe, les « békés » en Martinique qui détiennent le pouvoir économique, les « Mulâtres », les Indiens d’Inde du Sud, les descendants d’immigrants tels que les Syro-libanais, et les Français de l’hexagone. « La Guadeloupe comporte une grande diversité ethnique en des groupes assez étanches : 80% de mulâtres et de Noirs, 10% d’origines indiens du Sud-Est asiatique, 4% de Blancs créoles (« békés »), 5% de métropolitains, pour la plupart fonctionnaires temporairement présents, et une petite communauté syro-libanaise » (BELORGEY Gérard, BERTRAND Geneviève. Les DOM-TOM, La Découverte, 1994, p. 58). La population blanche se partage entre d’une part les « Blan Peyi » parlant le français et le créole et d’autre part, les Français de l’hexagone qui résident souvent temporairement en Guadeloupe et qui ne parlent que le français. Les Noirs, les Blancs et les « Mulâtres » vivent principalement dans la Guadeloupe continentale (Grande-Terre et Basse-Terre), sur l’île de Marie-Galante et l’île de Terre-de-Bas aux Saintes. Depuis 1648, l’île de Terre-de-Haut aux Saintes est habitée par la majorité des descendants des corsaires bretons, normands et poitevins. Très peu d’esclaves y ont été importés. Le manque d’eau et l’aridité de la terre n’ayant pas favorisé la culture de la canne à sucre, les premiers Saintois se sont recyclés dans la pêche, seule ressource disponible. Il n’existe pas vraiment de données concernant les autres communautés linguistiques. Les arabophones proviendraient du Liban et de la Syrie ; les tamouls du Tamil Nadu et du Sri Lanka. La plupart de ces groupes linguistiques parlent le français, le créole, et la langue ancestrale d’origine devenue secondaire. Nous remarquons aussi la présence d’immigrants francophones avec les Haïtiens, d’anglophones avec les Dominicais et les Sainte-Luciens et d’hispanophones de la République Dominicaine.
Les habitants, en majorité des afro-descendants, parlent le français et le créole. Ce phénomène linguistique est appelé la diglossie. C’est le fait pour une communauté donnée de parler deux langues, l’une à usage domestique et l’autre à usage véhiculaire ou officielle. Le français, langue officielle depuis la Révolution de 1789 et langue principale de communication dans la vie quotidienne, est réservé à l’administration, à l’écrit, à l’école, aux médias, à la promotion sociale. Apparu au moment de l’esclavage, le créole, langue vernaculaire et locale est devenue un symbole de résistance. La langue de la liberté et de la mémoire collective. La langue maternelle de la majorité des habitants de la Guadeloupe, cumule une fonction sociale de communication et une fonction émotionnelle. Le créole s’apprend (Certificat d’Aptitude au Professorat de l’Enseignement Secondaire), apparaît dans la publicité, les prospectus d’informations sociales et médicales, l’administration, les plaques de rues, les panneaux à l’entrée des villes, et les médias. « De nos jours, la langue créole est aussi la langue des émissions de radio et de télévision, des discours politiques et autres types de textes relevant plutôt de la langue formelle, scripturale » (LUDWIG Ralph. Langues en contact : Évolutions du créole guadeloupéen. In Créoles de la Caraïbe. Karthala CERC, 1996, p. 58). Les habitants s’approprient ces deux langues et les emploient en fonction des situations.
Le contexte économique actuel
En 2017, 22% de la population active âgée de 15 ans ou plus est au chômage, soit 35 000 personnes selon le Bureau International du Travail (BIT). C’est le taux le plus élevé des départements d’Amérique. Il concerne les jeunes actifs, les ouvriers, les peu ou pas diplômés et les femmes, avec un écart de trois points entre les deux sexes. Le chômage est au alentour de 9% en France hexagonale.
De plus, le taux d’emploi est stable pour la période, avec des hommes plus actifs que les femmes: 36% des femmes ont un emploi contre 43% des hommes. Comme elles sont déjà maman, les femmes ont plus de difficultés à avoir un emploi.
Enfin, le sous-emploi touche 12% des actifs occupés en Guadeloupe, soit 14 000 personnes. Il affecte les femmes, les jeunes, les ouvriers qualifiés ou non, et les employés non qualifiés.
Une situation préoccupante pour les syndicats locaux. Pour l’INSEE, les causes évoquées sont: une économie ultramarine fragile, des marchés de travail étroits, un retard en matière de formation, un faible niveau de qualification, des secteurs d’emplois exigeant des compétences spécifiques. A partir des ces éléments, nous pouvons encore chercher et questionner les véritables causes qui incitent des jeunes qualifiés qui postulent en vain en Guadeloupe, à aller chercher du travail en France hexagonale ou ailleurs en dernier choix. Un exil programmé?
Rappelons que c’est, en effet, dans cet univers politique, linguistique et sociodémographique que les journalistes guadeloupéens exercent leur profession.
Une brève présentation de la Guadeloupe est nécessaire pour comprendre les articles à venir dans K@ribbean Newsweek. Et comme dit un proverbe africain, “lorsque tu ne sais pas où tu vas, regarde d’où tu viens”.
*Source image d’entête de la carte de l’archipel : Fond régional Réseau Canopé de la Guadeloupe
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Salaura DIDON
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